A propos de LA MALADIE DE SACHS
Pendant dix ans d’études, j’ai appris à palper, manipuler, inciser, suturer, bander, plâtrer, ôter des corps étrangers à la pince, mettre le doigt ou enfiler des tuyaux dans tous les orifices possibles, piquer, perfuser, percuter, secouer, faire un « bon diagnostic », donner des ordres aux infirmières, mais pendant toutes ces années, jamais on ne m’a appris à soulager la douleur, ou à éviter qu’elle n’apparaisse. Jamais on ne m’a dit que je pouvais m’asseoir au chevet d’un mourant, lui tenir la main, et lui parler.
Docteur Sachs dans La Maladie de Sachs
En conservant l’aspect docu-fiction du roman et la polyphonie de points de vue de patients sur le médecin, Delphine Lefranc a adapté et mis en scène le spectacle pour qu’il fasse émerger, dans une même respiration, les paroles des patients, comme autant de témoignages de la nécessité de vivre par delà la maladie et l’adversité ; et la parole du « soignant qui dérouille ». Il met ainsi en jeu la confrontation entre fantasme et réalité de la médecine, que vit le médecin comme le patient ; pose la question de la « bonne distance » pour soigner ; explore la porosité entre la vocation du soignant et sa vie intime, et observe ainsi l’homme sous la blouse blanche.
La relation de soin est une relation d’entraide, pas une relation de pouvoir.
Patient et soignant sont tous deux des humains. Ils arpentent tous deux la route dangereuse, imprévisible et finie de la vie. Le patient est un humain tombé dans un fossé (un ravin, un gouffre) et souffre. Il demande de l’aide à ses proches et, parfois, à un soignant. C’est son attitude qui fait de lui un soignant, et non son statut.
D’ailleurs, c’est la parole du patient qui désigne le soignant, elle qui décrit la situation – le fossé, le ravin, le gouffre dans lequel il se trouve. Sans la parole du patient, il n’y a pas de soignant. Sans symptômes (ce que le patient ressent), les signes (ce que le soignant observe ou non) n’ont aucune signification. Le soignant peut être tenté de penser qu’il sait mieux que le patient ce qui lui arrive. Mais c’est toujours au patient de prendre les décisions qui le concernent : il s’agit de sa vie, de son corps. Martin Winckler
LA COMPAGNIE
La Compagnie Vert Bitume est née autour du projet La Maladie de Sachs, première création de la compagnie.
Issus du Studio de Formation Théâtrale de Vitry (dirigé par Florian Sitbon), l’équipe de La Maladie de Sachs a une formation commune autour du corps et des envies de textes à la fois connectés à la vie réelle et bases de réflexion pour rêver à un ailleurs, autrement. Des textes explorant recherche documentaire, témoignages, paroles intimes et diversités de points de vue, pour laisser se manifester un besoin de toucher l’autre au sens propre et figuré. Et toujours avec l’objectif de poser des questions, de bousculer, de sublimer…