À propos de LOUISE, ELLE EST FOLLE
Un soir, j’ai vu un homme à Belleville qui répétait inlassablement le même geste. Un grand geste ample, des bras et du buste. Précisément le même geste, au milieu de la place pendant des heures, devant les yeux interloqués des passants. En le voyant, ça m’a frappée : est ce que c’est plus fou de faire ça que de faire autre chose? Avec cette création, je cherche à transcender ma peur de la folie. C’est quoi être fou, c’est quand, c’est où ? C’est normal d’être fou ou c’est fou d’être normal ?
J’en arrive à une conclusion : affirmer la folie comme résistance. Comme un décalage intérieur qui permet de voir le monde un peu différemment. Pour sortir du vide, de l’ennui, pour oser, s’affirmer, vivre… Un pas de côté qui ouvre sur le sentiment de beauté, d’étrangeté de la vie. Accepter cette dangereuse et douce folie, cet écart, pour s’ouvrir. Rencontrer sa folie, c’est-à-dire se rencontrer…
– ESTHER WAHL
la mer est déchaînée
il y a de la tempête
il-y-a-de-la-tempête
(silence, geste)
n’importe quoi
à la météo
ils disent
n’importe quoi.
Qui est folle, dans Louise, elle est folle ? Les deux femmes en scène s’accusent, se renvoient la balle, elles utilisent une troisième, Louise, absente, comme une façon de désigner ce qu’en aucun cas elles ne veulent être mais elles s’acharnent l’une contre l’autre, pourquoi ? Comme si chacune représentait pour l’autre quelque chose qu’elle rejette pourtant il s’agit de comportements habituels, de phrases entendues partout, acheter n’importe quoi, voyager sans voir, manger sans penser, vouloir gagner, l’horreur quotidienne et au cinéma, les clichés, les clichés, les clichés… toutes choses bien réelles et présentes, qui sont là, dans le monde sont-elles folles de faire ce qui se fait ? Ou est-ce la réalité qui est folle ?
– Extrait de la post-face de la pièce, Renversement, par LESLIE KAPLAN
SCÈNOGRAPHIE / UNIVERS SONORE
La lumière accompagne l’ambiance polar de l’histoire. À la surface semble pousser une végétation étrange, colorée, mélange de mousse et de fleurs. On est dans un espace contradictoire, entre la nature et l’urbain. La metteuse en scène était en quête d’un décors joyeux, absurde, de quelque chose d’étrangement faux.
Il a fallu surprendre, sortir du décor pour se rapprocher de l’oeuvre plastique à part entière.
L’univers sonore du spectacle se situe dans un espace-temps brisé entre le passé et le futur, l’usine et la forêt. Les métamorphoses musicales accompagnent celles du spectacle. D’abord angoissantes, métalliques, elles nous font entrer en résonance avec les souterrains du monde représenté. Des micro-sons nous impriment des sensations de grouillement pour soutenir le cafard et nous plonger dans sa danse.
CABARET SOLAIRE – le mercredi 5 avril, à partir de 19h
Le Cabaret Solaire est une rencontre artistique qui mêle performance, danse, drag, théâtre, musique et tout autre art vivant venant s’y mêler. Chaque édition, de nouveaux et nouvelles artistes sont invité.es afin d’imaginer une soirée inédite. A l’occasion de la venue aux Déchargeurs du spectacle Louise, elle est folle, la compagnie Chaos Solaire est ravie de proposer son cabaret itinérant entre les murs du théâtre. Mélanger les disciplines, interroger les codes, décaler les espaces-temps. Ouvrir les cœurs et se regarder autrement. Partager un moment hors normes, étirer les corps, remettre la joie au centre. Tenter, essayer, se renouveler. Changer de peau, devenir métamorphe et inventer de nouveaux mondes ensemble. Le Cabaret est un espace d’exploration pour des créateurs et créatrices de divers horizons. Paillettes, couleurs, « pétillance » et plaisir de partager des formes singulières sont au rendez-vous !
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