À propos de L’EMPRISE
UN POLAR THÉÂTRAL
Lina, une jeune comédienne, pousse la porte du commissariat. Elle vient porter plainte. Son discours est confus.
Par où commencer ? Comment confronter l’intime au regard extérieur ?
Trop tard, l’enquête de police a déjà démarré. Tous les protagonistes de l’histoire sont amenés à raconter leur version des faits. Sofiane le metteur en scène de Lina défend une relation d’amour partagé. Lina elle bafouille et se ronge les doigts.
Au fil des auditions et des flash-back, une vérité se dessine : L’emprise ne laisse aucune preuve.
– COMPAGNIE OCTA
Même pris la main dans le sac, l’agresseur nie les faits. C’est du domaine de l’indicible, c’est trop profond. Avouer une chose pareille remettrait en question tout l’ordre établi. Et ça, on n’est pas prêts pour ça. FLIC
NOTE DE L’AUTEUR
L’Emprise est tout autant un drame de l’intime qu’une mise en lumière des défaillances de l’institution judiciaire.
L’écrasante majorité des agressions sexuelles sont commises par des proches rendant la situation affreusement confuse et ambiguë pour la personne qui en est victime comme pour le regard extérieur. La justice ne se basant que sur des preuves concrètes, la fragile structure psychologique d’une victime devient alors un élément central de la procédure pour, en définitive, profiter à l’accusé.
C’est l’histoire de Lina. Renvoyée à un dialogue avec elle-même, elle tourne en boucle : pourquoi suis-je incapable de sortir d’une situation qui me détruit ? Comment le piège de l’emprise s’est-il refermé sur moi ? Par le dispositif narratif de l’enquête de police, il s’agissait de positionner le spectateur en enquêteur, et plus symboliquement en juge, pour mieux lui montrer comment une relation pouvait durer entre une victime et son agresseur.
– NEJMA BEN AMOR
OMBRE ET LUMIÈRE
La lumière accompagne l’ambiance polar de l’histoire. Nous avons créé des tableaux où une partie de la scène est plongée dans le noir. Comme si la résolution de l’intrigue pouvait se trouver hors du champ lumineux. Ce principe donne la sensation au spectateur qu’une toute petite partie de la vérité lui est révélée et qu’un retournement de situation est possible. Le plan de feu matérialise également la structure psychologique des personnages et l’essence même de la nature humaine. Nous avons tous une part lumineuse et une part d’ombre, nous avons tous, au plus profond, des secrets inavouables.
MOT DU METTEUR EN SCÈNE
Phénomène méconnu ou incompris, l’emprise plonge la personne qui en est prisonnière dans une solitude extrême où s’entremêle culpabilité, impuissance et autodestruction. Le seul-en-scène était la meilleure façon de symboliser cette solitude. Seule face aux agressions, la comédienne utilise ses mains contre elle. Seule face à la police, elle s’interroge elle-même. Seule face à ses souvenirs, la violence semble tourner en circuit fermé. Pourtant, une présence n’est jamais loin, celle du musicien. Comme une conscience douloureuse à contacter, il tente de jouer une autre partition, il tente d’ouvrir un autre chemin, celui de l’émancipation.
– CHARLES TEXIER
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