À propos de JE VOUDRAIS PARLER DE DURAS
PRÉSENTATION
Depuis leur rencontre lors de l’été 1980 jusqu’à la mort de celle-ci en 1996, Yann Andrea a été l’amant de Marguerite Duras, son secrétaire, son partenaire de boisson, son souffre-douleur, sa muse. Difficile de résumer la complexité de cette relation. Lecteur, puis admirateur, il est le premier témoin du travail de l’auteure. Plongeant dans sa mythologie, il est peu à peu l’un des personnages, un des éléments de sa littérature. Embrassant cette incertitude entre réalité et fiction, il élabore avec Marguerite Duras une vie au service de la Littérature. Une vie à la fois amoureuse et violente, exigeante, passionnée, épuisante, qui le constitue et le détruit tout autant. Cette relation hors-norme, ils tenteront tous deux de l’écrire, de la fictionnaliser, malgré leurs frasques.
En octobre 1982, Yann Andréa a alors 30 ans, et il est devenu le compagnon de Marguerite Duras, de 38 ans son aînée. Ensemble, ils ont élaboré une relation invivable et pourtant extraordinaire, pulvérisant les catégories entre fiction et réalité, acceptation et soumission, amour et domination. Il tente alors, pour la première fois, de parler de lui, d’eux, dans une longue confession où il se dévoile avec pudeur, méticulosité mais surtout avec lucidité.
Non, regarde-moi. Tu n’me regardes pas et tu penses à ta marche. C’est pas possible. Faut qu’tu m’regardes vraiment. Et qu’tu penses pas à ta marche. Sans ça j’te mets dans un fauteuil et on t’photographie. Si tu sais pas marcher.
– Marguerite Duras, filmant Yann Andréa, Mars 1982
Katell Daunis et Julien Derivaz sont deux acteurs, et pour cette collaboration, ils ont exploré ensemble ce texte, un peu comme des apprentis horlogers qui démontent et remontent une pendule pour en apprendre son fonctionnement, ils ont effectué un travail d’orfèvre sur un texte particulier : ce livre paru en 2016 est la transcription d’une interview. De l’oral à l’écrit, de l’écrit à l’oral, c’est une boucle qu’ils referment.
Ils ont à coeur de proposer un théâtre économe, qui s’appuie d’abord sur le texte et le temps. Une chaise, quelques lumières et quelques sons suffisent pour faire ressurgir cette parole. C’est une parole funambule, tant les thèmes qu’elle aborde donnent le vertige : Peut-on préférer l’art à son épanouissement personnel ? Peut-on préférer vivre dans la fiction plutôt que dans la réalité ? Où commence l’acceptation et où commence la domination ? Que nomme-t-on amour ?
Le rapport qui s’est instauré avec Marguerite, c’était ça. La fiction de l’écriture, et elle, en tant qu’elle se propose aussi comme une fiction. Parce qu’elle vit comme une fiction, dans un imaginaire complètement fou, complètement débordant. Je ne voulais pas entrer dans le réel qu’elle me proposait de la passion. Puis, j’ai compris que la passion c’était pas du réel, c’était aussi fort, aussi fictif que les livres. Dans un premier temps, j’ai refusé ça. Je voulais conserver l’image de Duras écrivain et puis la femme à côté. Et elle a pulvérisé toutes les catégories. Elle m’a fait comprendre et j’ai compris que c’était la même personne, qu’elle était pareillement passionnée, pareillement géniale dans la vie que dans ses textes que j’avais lus, qui étaient en train de s’écrire, et auxquels je participais.
– Yann Andréa
Le spectacle joue également à Quimper au théâtre de Cornouaille du 25 au 30 mars 2024
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