
Je ne suis pas morte ce soir-là, où j’ai goûté à la saveur de l’asphalte givrée sous ton corps qui m’a recouverte. J’en suis revenue. J’en reviens. Je ne me serai pas tout à fait laissée mourir contre tes paumes. J’ai rebondi de ce sol qui était sang, de ce trou dans le mur, j’en suis revenue, de ton coup, relevée de cette énième baston, contre ton ombre.
J’ai toujours voulu faire bien, Claire Bosse-Platière

Durant sa formation à l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Paris (ESAD), Claire Bosse-Platière étudie auprès de grands artistes : Koffi Kwahulé, Valérie Dréville, Phillipe Malone, Frédéric Sonntag. Claire est franco-britannique et a étudié un temps à la London Academy of Music and Dramatic Art (LAMDA). En 2017, après un stage d’écriture à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, elle écrit J’ai toujours voulu faire bien, une pièce de théâtre ayant pour thème les violences conjugales, la pièce est éditée en Mars 2021. En Novembre 2019, elle est présélectionnée pour la bourse Toja-La Colline parmi plus de 200 projets, avec la pièce Mass Shooter, pièce retraçant la glaçante tuerie de Polytechnique à Montréal en 1989. Le projet est en cours de production. Claire est également lauréate de la bourse Création en Cours 2021 avec une nouvelle pièce tout public Monstre(s).
NOTE D’INTENTION
En Octobre 2017, à la Chartreuse de Villeneuve-Les-Avignon, lors d’une résidence d’écriture proposée dans le cadre de ma formation à l’École Supérieure d’Art Dramatique de Paris, j’entame le texte J’ai toujours voulu faire bien. Il s’agit d’un travail fictionnel et documenté sur la violence conjugale. J’ai tissé cette histoire après la lecture et le visionnage de nombreux témoignages de victimes, bourreaux, soignants et proches de victimes.
La pièce commence à l’hôpital dans la solitude et la peur. Cette femme se réveille amnésique, la mâchoire brisée et son compagnon veille à son chevet. Quand ils rentrent enfin chez eux, Cette femme découvre une nouvelle solitude. Elle ne reconnaît pas son appartement et y est séquestrée par son compagnon. Après une scène dialoguée incisive, un combat verbal, la vérité lui revient peu à peu et dans le dos de son conjoint, elle appelle son Amie toujours présente. Se questionnent à la fois l’aveuglement, l’abandon et le cauchemar de la violence conjugale. La pièce se construit comme un puzzle à mesure que Cette femme retrouve la mémoire menant à une tirade finale, libératoire et cathartique.
Ce qui est central dans mon travail de mise en scène, c’est la tension créée et maintenue entre l’acteur et le spectateur. L’acteur est puissant et organique, au service du texte. J’ai toujours voulu faire bien est un spectacle à la scénographie et aux costumes volontairement épurés. Grâce à l’aide dramaturgique de Charlotte Villermet, j’ai cherché, grâce à la lumière et l’espace scénique à moduler le plateau pour créer des jeux d’apparitions et de disparitions comme dans l’imaginaire du cauchemar. Les espaces sont dessinés par la lumière et les acteurs les nomment pour les faire exister. Ainsi nous passons d’une chambre d’hôpital à une ambulance, puis à la rue en bas de l’appartement, avant de monter dans l’appartement etc. Le spectacle alterne entre dialogues et récit. Cette alternance entre action et mise à distance de l’histoire permet un va-et-vient et laisse la pensée du spectateur se développer. Concernant les costumes, et dans cette recherche d’essentialité, j’ai créé des formes précises, dessinant les corps dans la lumière.
Enfin, concernant la musique, Victor Pavel, par ses compositions, offre à la pièce une dimension cinématographique et cauchemardesque, utilisant par exemple des sons du quotidien distordus.
J’ai toujours voulu faire bien ouvre un véritable dialogue avec le spectateur sur les violences conjugales, permettant une plongée au coeur d’un fléau brulant d’actualité.
Claire Bosse-Platière
Cela fait cinq ans que je le prends mon mal, maintenant je voudrais le rendre.



Paul Delbreil, Elisa Habibi, Laurette Tessier, les interprètes