Né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe (Martinique) - décédé le 17 avril 2008 à Fort-de-France (Martinique).
Poète, écrivain, homme politique, co-fondateur du mouvement littéraire «La Négritude».
Entrée au Panthéon, avril 2011
Maire de Fort-de-France (1945 à 2001)
Député de la Martinique (1945 à 1993)
Président du Conseil Régional de la Martinique (1983 à 1986)
Conseiller général de Fort-de-France (1945 à 1949 et 1955 à 1970)
Influencé par le surréalisme, se libérant des formes traditionnelles de la culture occidentale, Aimé
Césaire chercha dans sa poésie et son théâtre à retrouver les sources de son peuple. Il est, avec Léopold
Sédar Senghor, le fondateur du mouvement de la «négritude».
Les armes de la poésie
Aimé Césaire, fils de fonctionnaire, petit-fils d’instituteur, fait ses études secondaires au lycée Victor-
Schoelcher de Fort-de-France. Brillant élève boursier, il poursuit ses études à Paris en 1931, au lycée
Louis-le-Grand – où il rencontre Léopold Sédar Senghor – puis à l’École normale supérieure de la rue
d’Ulm. La crise économique, une société inégalitaire, hiérarchique : ces réalités n’échappent pas au
jeune homme en colère. Avec Léon Gontran Damas, il fonde l’Étudiant noir (1934) : pour la première
fois, des étudiants noirs partent à la recherche des richesses passées de leurs peuples et rejettent les
modèles politiques et culturels occidentaux.
En 1938-1939, Césaire commence à l’École normale supérieure la rédaction d’un Cahier d’un retour
au pays natal. La même année, revenu à la Martinique comme professeur de lettres, il crée avec René
Ménil et Aristide Maugée la revue Tropiques, où paraissent divers poèmes qui formeront les prochaines
Armes miraculeuses (entendre celles de la poésie), qui paraissent en 1946. De même, les recueils
poétiques Corps perdu (1945) et Soleil cou coupé (1948) marquent l’engagement d’une poésie où le
« nègre » vient réveiller l’Antillais indolent de ses images, de ses rythmes et de sa souffrance en une
langue pleine de sève. La cause des Noirs y devient celle de l’humanité tout entière.
La voix d’un peuple
Publié en volume après la Seconde Guerre mondiale (1947), Cahier d’un retour au pays natal, qui
avait introduit le concept de « négritude » dès 1939 – concept regroupant l’ensemble des valeurs
culturelles revendiquées comme propres aux Noirs et retournant en positif ce que le terme « nègre »
a de péjoratif –, est l’un des plus importants ouvrages poétiques de l’époque. Le texte – préfacé par
André Breton qui reconnaît là un « grand poète noir » et qui s’enchante de la violence, du lyrisme de ce
chant profond de la liberté – établit son auteur comme l’une des voix décisives de ce que l’on n’appelle
pas encore la francophonie.
Ce recueil qui, plus encore que la destinée personnelle, brasse l’ensemble de la mémoire africaine, est
un classique de la littérature mondiale. Le Cahier d’un retour au pays natal a l’urgence et la profondeur
subite du cri, en même temps qu’une dimension sociale et politique affirmée. Le peuple noir a maintenant son chantre en la personne de Césaire ; il retrouve sa très ancienne et sa millénaire dignité.
Le « nègre » cède la place à un homme qui est aussi la mémoire du monde, le fier exemple de la force.
En 1960, explorant les mêmes thèmes, Césaire publie Ferrements – variations sur le fer : les « fers »
de l’esclavage, les « ferments » de la révolte, peut-être aussi le « faire » de la poésie – puis, l’année
suivante, Cadastre.
Un théâtre poétique
À la même époque, Aimé Césaire élabore un théâtre poétique, marqué par la fulgurance d’un langage
lyrique et accessible au coeur des hommes. Ce parcours sur les planches débute par Et les chiens se
taisaient (1956), suivi de la Tragédie du roi Christophe (1963), épisode de l’indépendance en Haïti (la
pièce entrera au répertoire de la Comédie-Française en 1991). En 1966, avec Une saison au Congo,
Césaire évoque l’indépendance du Congo belge et l’assassinat de Patrice Lumumba. Interrogeant le
présent des hommes et celui du continent blessé, exposant dramatiquement l’aphorie du chef politique
dont l’idéal révolutionnaire se heurte aux manoeuvres intéressées des notables et à l’indifférence des
masses encore endormies, la pièce est une dénonciation sans fard. En 1969, avec Une tempête (d’après
La Tempête de Shakespeare), Césaire fait de Caliban l’esclave noir de Prospero, et donne sa quatrième et
dernière pièce. Toutes connaissent un succès mondial. En 1982, le dramaturge revient à la poésie avec
Moi, laminaire… Enfin, en 2005, paraît Nègre je suis, nègre je resterai, livre d’entretiens avec Françoise
Vergès.
Césaire , élu politique
Écrivain engagé par excellence, Aimé Césaire fut un homme politique de première grandeur pour son
île natale. Chez Césaire, le poète ne se sépare pas de l’élu, qui assura notamment le passage de la
Martinique au statut de département d’outre-mer en 1946. Maire de Fort-de-France (1945-2001) et
député de la Martinique (1945-1993), d’abord apparenté au groupe communiste, Aimé Césaire rompit
avec le PCF en 1956 – année de l’invasion de Budapest par les chars de l’Armée rouge. Il fonda deux
ans plus tard le Parti progressiste martiniquais.
Son Discours sur le colonialisme (1955) est un pamphlet montrant la nécessité pour le tiers-monde
de se ressourcer et de dégager la particularité des nations qui le composent. Quant à son Toussaint
Louverture (1962) – étude historique sur le général haïtien, qui proclama son intention de fonder la
première république noire et fut interné en France –, il sert à élucider le passé glorieux des peuples
noirs et à en percevoir les erreurs face aux menées colonialistes.
source, Lar ousse