Rencontre poétique avec Zhao Lihong
Présentation
entrée libre sur réservation
A l’occasion de la publication de la traduction française du recueil Douleurs de Zhao Lihong, les éditions l’Harmattan en collaboration avec Les Déchargeurs et le Printemps des Poètes organisent une conférence en présence des poètes contemporains Zhao Lihong, Adonis, Philippe Tancelin, André Velter et Zhang Rulling.
Le recueil Douleurs paraît en 2016 en langue chinoise. Plébiscité par la critique chinoise, il est considéré comme l’une des oeuvres les plus importantes de la poésie chinoise contemporaine. Il associe sous un jour nouveau la sagesse séculaire chinoise et une pensée moderne d’une grande profondeur. La douleur, une douleur plurielle, permanente ou évanescente, accompagne le poète dans son quotidien. Il en tire une inspiration poétique et une méditation philosophique qui s’éclairent mutuellement. Au-delà du corps, il questionne l’existence en soi. L’homme ne peut pas vivre sans douleur, mais il peut la dépasser.
Cette rencontre sera l’occasion d’entendre des poètes contemporains français et chinois lire leurs oeuvres et d'échanger sur leur pratique poétique.
Informations sur le lieu
Distribution
Une rencontre organisée par Les Déchargeurs, en partenariat avec Les Éditions l'Harmattan et Le Printemps des Poètes
Notes & extraits
EXTRAITS DE LA PRÉFACE DE DOULEURS PAR ADONIS
Douleurs d’existence et de poésie
(...)
4
Sans doute trouvons-nous dans le poème intitulé « Mon ombre » un théâtre en miniature représentant cette douleur existentielle. L’homme est en même temps : individu, fantôme et ombre. Mais quelle est la relation en l’homme entre sa personne, son fantôme et son ombre ? Et quelle serait la réponse, si jamais il y en a une ? Ou bien l’homme n’est-il qu’un « roseau », comme l’a bien décrit Pascal, tremblant aux quatre vents de l’existence ?
Mais, pendant que vous vous sentez emporté par ce flux dans la poésie de Zhao Lihong, vous sentez également qu’une voix prend ancrage dans le tumulte des vagues, qu’elle se meut entre les lèvres de la poésie, nous murmurant dans les oreilles : il est vrai que l’homme vit dans les mensonges du monde, mais il est capable de les dépasser.
Bien que les choses reposent sur l’acceptation, celle de la situation et du destin, l’homme ne se définit pas par elle, son essence même étant dans la rupture comme dans la continuité. Il est par là même actif et capable de faire changer les choses.
Aussi cette poésie nous place-t-elle au cœur de l’existence. Les poèmes sont ici des vagues, des variations sur la douleur de l’existence, vision et recherche, expérience et écriture. Des poèmes qui se composent tel un cortège de papillons qui posent leurs ailes comme des chemins volants entre blessure et histoire.
Voici l’hémorragie de la douleur et sa blessure, toutes ouvertes dans la poésie de Zhao Lihong sur l’espace, dans un mélange de tonnerre et de soleil, d’angoisse et de quiétude.
En lisant le poème, la douleur se propage en nous et nous sentons qu’elle se propage dans le poème suivant. Nous sentons que les montagnes, qui nous environnent et celles que nous imaginons, ne sont qu’une autre douleur : c’est celle de la nature qui essaye de s’élever. Nous sentons aussi que la douleur n’est pas qu’un tissu linguistique et figuratif, elle est également un tissu matériel et ce tissu est partie intégrante de la vie elle-même.
Chaque poème extrait de ce volume est une rivière de lotus de laquelle émane un parfum nommé douleur. Pendant que nous contemplons cette fleur-douleur, nous sentons qu’elle se transforme en nuages qui se déplacent sur les échelles de l’espace. Nous sentons que la douleur dans la poésie de Zhao Lihong est une ombre qui se meut entre ses mots, entre ses lettres, ses rythmes et ses relations, de telle façon que cette douleur apparaît comme un autre temps dans le temps.
5
Dans tous les cas, la douleur du poète est poétique, en même temps qu’elle est humaine. Ce qu’il y a de plus poétique en elle, c’est que nous ignorons comment et d’où elle naît. S’il est une vraie réponse, c’est qu’elle comprend une question. La poésie est avant tout questionnement ou incitation au questionnement. Telle est sa principale spécificité créatrice.
Adonis, Paris, novembre 2017.
(Traduit de l’arabe par Aymen Hacen)