Federico Mompou

Il n'est pas de mois sans qu'une pépite nous soit révélée / Le Figaro

Federico Mompou est un des compositeurs majeurs du 20ème siècle. Il naît en 1893 à Barcelone, d’une mère française et d’un père catalan. Personnage discret, pudique et solitaire, il partagera sa vie entre Barcelone et Paris et décède dans sa ville natale en 1987. Restée longtemps confidentielle, son œuvre musicale, dans laquelle il a la volonté d’exprimer l’indicible, est en pleine redécouverte.

Il créé ses premières œuvres en 1913 : Impressions intimes, puis Scènes d’enfants (1915-1918), Suburbis (1916-1917) et Cants magics (1917-1919). Ses idées esthétiques prennent forme : il s’oppose au cérébralisme, cherche le naturel, la sincérité, le dépouillement. Il écrit des recueils de pièces courtes pour piano, cherchant une expression maximale avec des moyens minimaux : « Je ne suis pas un compositeur, je ne suis qu’une musique et une musique la moins composée du monde ». Il est issu d’une lignée de fondeurs de cloches du 16ème siècle, ce qui peut expliquer son travail sur la vibration sonore. Federico Mompou aime aussi utiliser des formules répétitives presque incantatoires, comme dans Dialogues (1923) ou Charmes (1921), une de ses compositions préférées, aux titres puissamment évocateurs : « Pour pénétrer les âmes » ou « Pour inspirer l’amour. »

En 1941, il rencontre la pianiste Carmen Bravo qui deviendra son épouse en 1957. Une période de créativité intense commence alors pour lui avec Paysages (1942-1960) ou des œuvres pour voix et piano telles que Le Combat du songe (1942-1948) sur des textes de son grand ami le poète Josep Janés ou Becquerianas (1971).

Federico Mompou est aussi poète. Il écrit tout au long de sa vie de la poésie en catalan, en castillan et en français. En 1951, il commencera son œuvre musicale la plus importante et la plus connue Musica callada : « Cette musique ne contient ni air ni lumière. C’est un faible battement de coeur. On ne lui demande pas d’aller plus loin que quelques millimètres dans l’espace, mais elle a pour mission de pénétrer les profondeurs de notre âme et les coins les plus secrets de notre esprit ». Il s’agit d’un cycle de 28 pièces publiées en quatre cahiers (1957 à 1967), inspirées d’un poème du Cantique Spirituel de Saint Jean de La Croix, mystique espagnol du 16ème siècle. Avec cette « musique qui se tait », Federico Mompou se rapproche de plus en plus du silence, comme l’écrira à son propos Vladimir Jankélévitch: « ce que veut Mompou, à la recherche de la «soledad sonora», c’est atteindre le point inattingible où la musique est devenue la voix même du silence, où le silence lui-même s’est fait musique ».