Bérénice
Jean Racine« Etrangère dans Rome, inconnue à la cour,
Elle passe ses jours, Paulin, sans rien prétendre
Que quelque heure à me voir, et le reste à m’attendre »
Acte II, scène 2
Présentation
Jean Racine / Jacques Osinski
Bérénice, reine de Palestine, est secrètement recherchée en mariage par Antiochus, roi de Comagène, à l’époque où Titus vient mettre le siège devant Jérusalem. Celui-ci la voit, l’aime et, lorsqu’il est vainqueur, l’emmène avec lui à Rome dans le dessein de l’épouser. Antiochus suit la reine et continue à la voir sous le voile de l’amitié, espérant toujours que quelque obstacle imprévu viendra traverser les projets de mariage de son rival. Son espoir n’est pas trompé. Le sénat vient faire connaître à l’empereur que les Romains se refusent à accepter une étrangère pour impératrice. Titus se voit donc forcé, à son grand regret, de sacrifier son amour à son ambition ; mais n’ayant pas la force d’annoncer lui-même cette résolution à Bérénice, il charge Antiochus de cette douloureuse mission. Bérénice, qui a de la peine à y croire, accourt, pour s’en assurer, dans l’appartement de l’empereur et y rencontre le Sénat qui vient féliciter Titus de la rupture de son mariage. Elle s’éloigne aussitôt, résolue à se donner la mort ; mais bientôt, assurée de l’amour de Titus et ne voulant pas compromettre son autorité, elle prend la généreuse résolution de quitter l’Italie avec Antiochus dont elle n’encourage pas néanmoins les espérances.
Distribution
Coréalisation Les déchargeurs /
Notes & extraits
Affronter Racine… Enfin. Ou plutôt qu’affronter, retrouver Racine. Plutôt que voir en lui, une muraille infranchissable, un Everest à escalader, le prendre comme un support, un soutien, des mots qui portent le monde. Bérénice est là depuis 1670. Elle sera encore là après nous. Bérénice est éternelle. Le texte semble être là depuis toujours, tellement là, tellement puissant qu’on a oublié de le regarder. Alors le regarder à nouveau et se laisser prendre par la main, le laisser nous emmener là où il le veut. Regarder Bérénice comme pour la première fois, avec cette distance que confèrent les ans dont parle si bien Proust dans ses Journées de lecture : regarder Bérénice comme on se promène dans une ville restée miraculeusement intacte, éloignée des transformations, épargnée par le poids des années, une ville qui, s’offrant alors à nous, nous aidera à retrouver notre humanité.