Marat / Sade

Peter Weiss

Présentation

Marat / Sade de Peter Weiss
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MARAT/SADE dont le titre complet est La Persécution et l’assassinat de Jean-Paul MARAT représentés par le groupe théâtral de l’hospice de Charenton sous la direction de Monsieur de SADE est une pièce de théâtre allemande de Peter WEISS retraçant la vie du Marquis de SADE durant son emprisonnement. Elle a été publiée en 1963 et traduite par Jean BAUDRILLARD aux éditions du Seuil en 1965.

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Distribution

Notes & extraits

L’OEUVRE ET L’AUTEUR

MARAT/SADE dont le titre complet est La Persécution et l’assassinat de Jean-Paul MARAT représentés par le groupe théâtral de l’hospice de Charenton sous la direction de Monsieur de SADE est une pièce de théâtre allemande de Peter WEISS retraçant la vie du Marquis de SADE durant son emprisonnement. Elle a été publiée en 1963 et traduite par Jean BAUDRILLARD aux éditions du Seuil en 1965.
Elle a été représentée pour la première fois en français le 20 septembre 1966 au Théâtre Sarah-Bernhardt, dans une mise en scène de Jean TASSO et Gilles SEGAL.
En 1993, Christophe ROYCEL met en scène MARAT/SADE dans les anciens bains douches de St-Nazaire. Ce spectacle fut joué par 8 jeunes comédiens professionnels et 15 hommes et femmes au chômage.
En 2000, Emmanuel DEMARCY-MOTA monte à son tour la pièce avec la Compagnie Théâtre des Millefontaines au Théâtre de la Commune à Aubervilliers.
La même année, dans le Cloître des Célestins, à l’occasion du Festival d’Avignon, le metteur en scène russe Youri LIOUBIMOV fourni également une version de la pièce. La pièce a été adaptée au cinéma par Peter BROOK, un film intitulé : La persécution et l’assassinat de Jean-Paul MARAT tel que monté par les patients de l’asile de Charenton sous la direction du Marquis de SADE, nommé MARAT/SADE par souci d’économie...
Peter Ulrich WEISS est né près de Berlin en 1916 et est décédé à Stockolm en 1982. Fils d’un petit industriel juif, Peter WEISS naît dans la banlieue de Berlin où il passe son enfance et son adolescence. À l’arrivée d’Hitler au pouvoir, sa famille se réfugie à Londres avant de déménager en Tchécoslovaquie, et, peu avant la seconde guerre mondiale, en Suède. En 1949, Peter WEISS lance en compagnie d’autres jeunes artistes l’Experimental Film Studio et réalise, entre 1952 et 1955 une série de films expérimentaux, la séries des « études » (Studie), qui porte la marque de l’influence surréaliste. Il abandonnera la réalisation cinématographique en 1962. Il commence sa carrière littéraire en écrivant en suédois, puis plus tard en allemand. Il connaît un succès international avec sa pièce sur SADE (en allemand : Die Verfolgung und
Ermordung Jean Paul MARATS, 1964). Entre 1963 et 1965, il assiste au procès de vingt-deux responsables du camp d’extermination d’Auschwitz et rédige à partir de ses notes L’Instruction (1965), pièce de théâtre avec laquelle il fonde une nouvelle esthétique, le théâtre documentaire, dont il développe la théorie dans ses Notes sur le théâtre documentaire (1967). Il meurt en 1982, peu de temps après avoir terminé le troisième tome de son grand roman L’esthétique de la résistance. Le prix Buchner lui est décerné à titre posthume.

PRÉSENTATION DU PROJET

Il s’agit d’une adaptation que je signe à partir de la pièce de l’auteur allemand Peter WEISS, publiée en 1963 : La persécution et l’assassinat de Jean-Paul MARAT représentés par le groupe théâtral de l’hospice de Charenton sous la direction de Monsieur de SADE.
Au-delà de plusieurs mises en scène auxquelles j’ai pu assister depuis sa création au théâtre Sarah BERNHARDT à Paris, (j’avais 10 ans en 1966, mais je me rappelle parfaitement de ce spectacle), j’ai souhaité, non rendre l’aspect quasi luxuriant du nombre des personnages et de la forme parfois proche de « l’agit-prop » de ces années de théâtre « engagé », mais au contraire revenir à « l’os » de ce texte, au propos de départ de WEISS.
C’est, en effet, pour moi, une façon dépassée de monter cette pièce que de l’aborder dans un esprit et une forme de théâtre forain, coloré, quasi circassien. Revenir à l’os, enlever « le gras », c’est mettre en lumière le propos extrêmement contemporain – je ne dis pas « moderne » - de cette pièce. Je veux dire : en phase avec les questions essentielles des années que nous traversons en ce moment, questions qui risquent d’être de nouveau dépassées dans 5 ans. Quelles sont-elles ? WEISS pose non seulement la question du sens de l’engagement individuel, mais aussi la question de la « forme » théatrale.
La « crise » que nous traversons – bien plus profonde qu’économique, bien entendu – nous fait apparaître que ce n’est plus l’organisation prônée par les politiciens et leurs partis qui est en capacité de donner une prospective acceptable par les humains, où qu’ils vivent sur cette planète.
Crises des sociétés ? Plutôt crise(s) de civilisation(s).
Alors le dialogue conflictuel de MARAT et de SADE prend tout son intérêt aujourd’hui : changerat- on le monde par « l’action directe », la violence devenant le seul moyen de sauver « le peuple », ou en se changeant soi-même, persuadé que la liberté n’est pas « naturelle », et qu’elle est une conquête individuelle que nous conquerrons par un dépassement de nous-même, y compris par la souffrance ?
Au-delà de ce dialectisme remarquablement « théâtralisé » par WEISS, sa pièce pose aussi la question de la forme : on ne peut plus certes raconter, au théâtre, les histoires comme avant, mais nier la possibilité même de la transmission – comme certains le prétendent depuis le début du XXIème siècle en Europe – est une position suicidaire pour l’art vivant.
La question de la représentation de la folie au théâtre, présentée en termes très clairs par Antonin ARTAUD, est concrètement posée par WEISS dans cette pièce.
Elle m’a amené à réfléchir à une forme se trouvant aux points de convergence du propos originel de WEISS et des années 2015.

Ivan MORANE