
Providence
Neil LaButePrésentation
REPRISE
Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 à New York, un couple illégitime tente de profiter du chaos pour disparaître, changer d’état civil et vivre une nouvelle vie. L’homme, marié, deux enfants, a choisi d’aller rejoindre la femme qu’il aime plutôt que de se rendre à son travail dans l’une des tours. Plongés dans le chaos que vit leur pays, ils se trouvent confrontés à cette tentation (tentative) de disparition fortuite et au trouble que les événements ne manqueront pas de provoquer dans leur relation.
Le mercredi 15 mai sera suivi d'un échange avec l'équipe du spectacle, venez nombreux !
Informations sur le lieu
La presse en parle
Un acteur éblouissant, épatant. Remarquable. / Le Masque et la plume, France inter - 29/04/2018 - Jacques Nerson
Les choix de mise en scène sont percutants, très réussis. Les comédiens nous offrent un jeu très juste, moderne. / Atlantico - 25/04/2018 - Yolène Bahu
La pièce conserve une saveur diablement amère. Gallais impressionne. Rares sont les acteurs qui s'investissent autant. / L'Obs - n°2789 / 19/04/2018 - Jacques Nerson
Distribution
Production La Reine blanche - Les Déchargeurs / Le Pôle diffusion
Un évènement Télérama
Le spectacle labélisé par l’association Rue du Conservatoire, association des élèves et anciens élèves du Conservatoire national supérieur d’Art dramatique
Multimédia
Notes & extraits
MOT DU METTEUR EN SCÈNE
On pourrait parler d'une "tragédie aux yeux secs." Le mal et le malheur ambiants ont des airs d'absolu. Nul jamais n'aurait imaginé ou conçu une telle catastrophe. Point de compassion, point d'attendrissement ou d'identification possibles. Providence est une pièce noire, sèche, qui dérange et refuse le recours aux sentiments et aux émotions humains ordinaires… Neil LaBute met de côté toute facilité d'attendrissement et d'indulgence pour cet homme et cette femme, couple déjà mal formé et en marge qu'il réunit dans cet appartement voisin du lieu de la catastrophe, où tout, comme eux-mêmes, vient d'être recouvert d'une fine couche de poussière grise qui s'est abattue en pluie sur la zone et ses habitants. Pluie de cendres, explosion des valeurs, éruption de l'Histoire qui se déverse en lave et blesse à jamais une civilisation marquée en plein cœur, un pays qui ne sera plus jamais le même ensuite. Que peuvent ces personnages, qui en sont recouverts de cette pluie de cendres, de ce deuil collectif qu'ils subissent inexorablement. Le couple se débat pour ne pas succomber. Il ose un projet de fuite, une solution extrême, une de ces tentations qu'on a du mal à croire réalisables, tant la vie au quotidien avait jusque-là incité plus à la lâcheté qu'à l'audace, au conflit et à la dissimulation plus qu'à des élans de bravoure. On n'a plus peur de Virginia Woolf, on n'a plus à négocier en douceur pour éviter la faillite d'un couple. On est face à l'indicible et à l'inexprimable, donc à devoir courber l'échine sous l'effet du malheur... D'où l'idée extrême d'aller dans un ailleurs où rien ne sera pareil. Un lendemain d'apocalypse. Où il est nécessaire de fuir. C'est la tentation d'une île. Une île providentielle. Existerait-elle ?
Pierre Laville
EXTRAIT
ELLE - Six mille personnes sont mortes, assassinées, certaines d'entre elles étaient nos collègues de travail, et ma seule réaction est de penser à nous tirer aux Bahamas. Ce n'est pas très beau !
LUI - Eh bien, descends les aider à tamiser les débris, ou porte leur des cierges !
ELLE - Je ne sais pas.
LUI - Merci de ne pas oublier que j'y ai travaillé dans ces bureaux, pendant des années. En ce moment, je revois des tas de visages... Les gens avec qui je discutais, avec qui je buvais un café... Ces types à la réception...
ELLE - Tu penses à ces gens-là ?
LUI - Évidemment !
ELLE - Je te croyais en train de penser à nous... Mais quelle idiote, je suis.