
Nous qui sommes cent (Reprise)
Jonas Hassen KhemiriPrésentation
En avant pour une vie, bridée et étriquée, parfaitement normale. Nous sommes merveilleusement, lobotomisées et aliénées, heureuses !
Trois « elles » s’affrontent et réécrivent leur vie sous nos yeux : d'aventures amoureuses en contestations politiques, de moments de solitude en drames fondateurs. Dans ce décor de chambre d’enfants où les objets sont sources d’inspiration, il y a urgence à jouer. C’est une question de survie. Alors elles jouent, elles endossent tous les rôles : elles sont une, elles sont trois, elles sont "cent".
Le spectacle sera joué au Festival Off d'Avignon du 7 au 30 juillet au Nouveau Ring à 18h ! Plus d'infos ici
Informations sur le lieu
La presse en parle
Les trois comédiennes impulsent un rythme vif et toujours juste / Télérama Sortir
Rigueur et inventivité. Un trio décapant. / La Terrasse - 24 avril 2017
Jonas Hassen Khemiri et ses trois drôles de dames questionnent avec beaucoup d’humour la vie, le bonheur et les théories féministes. On a aimé leur énergie débordante. / Les 5 pièces - 12 juin 2017 - Anaïs Viand
Les actrices sont formidables / SceneWeb
Distribution
Production Les Intrèpides - Coréalisation Les Déchargeurs / Les Intrèpides
Multimédia
Notes & extraits
NOTE D’INTENTION
Après avoir traité la question du « plan d’intégration » pour les gens issus de l’immigration, Khemiri s’intéresse aux théories féministes, y retrouvant les problématiques d’identité qu’il affectionne, à la différence que, cette fois, il est du côté des dominants : « Je n’avais pas pris jusque-là conscience de mon pouvoir en tant que mâle dans un grand nombre de situations »
Simone de Beauvoir écrivait en 1949 : « C’est une étrange expérience pour un individu qui se décrit comme sujet, […] de découvrir en soi à titre d’essence donnée, l’infériorité. »
Comment être un individu à part entière ? Notre héroïne ne sait pas. Mari et enfants partis, elle n’a plus de prétextes à exister. Elle doit aller à la rencontre de ses désirs. Mais à distance de son JE, elle se perd parmi ses MOIS.
Pour incarner les multiples facettes de sa personnalité, trois femmes : 1, 2 et 3. Par nécessité d’agir, elles vont réécrire leur vie, en reprendre le fil. Elles s’adressent aux spectateurs, témoins et arbitres de leur histoire.
Mais chacune a ses propres rêves et le récit tourne au règlement de compte. A tour de rôle, elles en profitent pour se mettre en scène : figure contestataire, séductrice audacieuse, coach sportif… Jusqu’à ce que le fantasme tombe en miettes, moqué ou contesté par les deux autres.
L’auteur manie l’humour, noir de préférence. La pièce reflète cette pensée de Dario Fo, « l’écriture grotesque ou comique est intimement liée au sentiment tragique de l’existence ».
Alors que le public rit, en une réplique, Khemiri répand un silence glacial. Il nous tend un miroir. Il questionne notre altérité dans un monde virtuel, notre rapport aux images de violence.
Il met face à face les problèmes d’un individu qui nous ressemble avec ceux d’un monde à feu et à sang.
Laura Perrotte
EXTRAITS
3. En avant pour une vie…
1. bridée et étriquée…
2. parfaitement normale.
3. Nous sommes merveilleusement…
1. lobotomisées et aliénées….
2. heureuses.
1. Mais parfois nous sommes frappées par le doute.
2. Ah oui ?
3. Mmh, c’est vrai.
1. Parfois nous nous réveillons au petit matin et nous pensons à tout ce que nous avons…raté.
3. Parfois, nous sommes même tentées par l’idée d’en finir au plus vite.
2. Mais… on est quand même heureuses, non ?
3. Oui, nous sommes heureuses.
1. (ironique) Hyper méga heureuses.
2. Chouette.
On n’a pas le vertige on respire calmement on inspire on expire on inspire on expire on regarde la ville qui s’étend devant nous on est éblouies par la clarté de l’aube et on est ? Exactement. Prêtes. On est prêtes.
Texte publié aux éditions Théâtrales, éditeur et agent de l’auteur