
Les Pâtissières
Jean-Marie PiemmePrésentation
Celui qui s'imagine que la pâtisserie n'est qu'une affaire de ventre, c'est tout simplement un crétin.
Mina, Flo et Lili, les sœurs de la pâtisserie Charlemagne ont dû vendre la maison ancestrale et mettre un terme à leurs activités. Elles reviennent sur le fil des évènements, sur les circonstances qui les ont forcées à vendre, retracent le visage d’une époque qui préfère les produits industriels à la qualité « fait main ». Heureusement, elles ont un ennemi commun : le promoteur immobilier qui a racheté la maison et n’en finissent pas de régler des comptes avec lui.
La presse en parle
Spectacle porté par trois comédiennes extra, une gourmandise épicée / LaTribune
Trois sœurs incarnées par un trio d'actrice formidables Pari réussi ! / France Info
Distribution
Production Les Déchargeurs / Le Pôle en accord avec La Barraca, le théâtre monde
Multimédia
Notes & extraits
Il y a de la disparition dans l’air : pas seulement celle d’une activité prestigieuse, pas seulement celle de la vie (les pâtissières ont entre soixante et soixante-dix ans, comment éviter d’y penser ?), la disparition aussi d’une culture, d’un monde à l’ancienne fait de liens et de traditions qu’on traîne derrière soi à la fois comme un poids et une raison de vivre. Mais ne nous y trompons pas : ces pâtissières en bout de course n’ont rien perdu de leur éclat. Elles savent rebondir. Au pied du mur inéluctable que dressent devant elles le devenir d’une société grise et les spectres de la vieillesse, ce sont trois femmes combatives qui se dressent. Trois femmes qui n’ont pas leur langue en poche, trois femmes que le sens de l’humour n’a pas déserté, trois femmes tour à tour agressives, tendres, violentes, défaites, enragées, (dangereuses ?).
Jean-Marie Piemme
Comme chez Tchekhov, comme chez Beckett, le temps est à l’oeuvre dans Les Pâtissières. Le temps qui passe, le temps suspendu du rêve, et tous ces temps qui changent… Si bien que le discours des personnages s’en trouve modelé, malaxé, détourné, jusqu’au brouillage parfois ! Malin en effet qui puisse affirmer à quel moment exact de leur vie de retraitées ces pâtissières en sont quand elles parlent. Mais on n’est pas chez Tchekhov, ici ; encore moins chez Beckett. Avec un cadavre dans le placard et une enquête policière en cours, faut regarder plutôt du côté de chez Capra, de chez Audiard pourquoi pas, ou encore, en poussant un peu loin la fantaisie (comme j’ai envie de le faire), de chez Tim Burton.
De trompe-l’œil en faux-semblants, de simulacres en jeux de piste, la pièce avance pourtant sur des réalités familières, douloureuses même, de la vie. Ce qui me séduit particulièrement dans cette comédie grinçante c’est que les choses ne sont tout à fait pas ce qu’on croit qu’elles sont. On est bien au théâtre, au fond, avec ces pâtissières-là. Vu sous cet angle, l’espace de la pièce, cette terrasse d’une maison de retraite où Mina, Flo et Lili "papotent", ne serait alors qu’un immense dispositif de jeu. Jeu de rôles, de miroir en abîme, jeu de massacre. Alors jouer, avec les deux Christine et la Chantal, on ne va pa se priver !
Nabil El Azan
FLO - Le goût merdeux a tout corrompu. Le goût merdeux méprise le goût véritable. Le goût merdeux hait le goût véritable comme la mesquinerie hait la grâce et la classe.
LILI - Le goût merdeux est au goût véritable ce qu’André Rieu est à la musique classique.
FLO - De la diversité, on sait tout ; mais de la distinction, plus rien ! Qui sait encore ce que c’est ?
MINA - Notre obsession de la qualité, voilà le boulet qui nous a coulés. Plus exactement « ton » obsession de la qualité...
FLO - Ce que tu ne voudrais pas manger, ne le fais pas manger aux autres, disait Papa. Oublié, ça ? Oublié, bien sûr !
MINA - Ton intégrisme pâtissier nous a tués. Je parle de ton goût ancestral... De ton goût trop spécifique. Trop européen ! Un goût qui convient mal à certains de nos concitoyens.
FLO - Adapter une production ancestrale aux aléas de la demande démographique : c’est ce que tu as toujours voulu.
LILI - Et toi toujours refusé.
MINA - Un client est un client.
FLO - Un client arabe doit être servi. Et une cliente arabe doit aussi être servie. Qui dirait le contraire ! Mais qu’ils exigent de nous une pâtisserie typiquement arabe, je dis non. L’offre est l’offre. Et le partage des coutumes culinaires une pas mauvaise façon de s’intégrer.