
Le chant des coquelicots
Alors c’est ça, nous les femmes on ne peut pas comprendre, on doit tout accepter parce qu’on y a pas été !?
Présentation

C'est un amour qui se découvre dans la guerre. Lui au front, elle au village.
Un amour nécessaire, question de survie.
Une centaine de lettres qu'ils n'auraient jamais écrites, des prières naïves, la présence de l'autre, sans cesse convoquée, c'est là toute leur modeste magie.
Un spectacle où se conjuguent la parole et la danse, servie par deux conteurs impliqués dans le mouvement du nouveau conte.
Informations sur le lieu
La presse en parle
Le spectacle est doux et poétique. Il constitue un joli conte en hommage à la paix./ Télérama
Le singulier, sinon l'inédit, tient à cette proposition du "nouveau conte". Un distingo subtil entre l’évocation et l’esquisse sollicitant l'imaginaire et l'affect du spectateur. Karine Mazel-Noury et Pierre Deschamps, satisfont un spectacle singulier en quête d'un public curieux / Froggy's Delight
Quelle très jolie balade théâtrale / Blog Spectatif
Distribution
Coréalisation Les Déchargeurs / La Grande Ourse en accord avec Les Mots Tissés
Multimédia
Notes & extraits
Le scénario est une création issue d’interviews, de récits anciens, de films documentaires et de fiction autour de la guerre en général, et celle de 1914-1918 en particulier. Le récit est intime et historique quand il décrit la vie quotidienne du couple, mythique quand leur parcours révèle les effets permanents des conflits de l’Iliade à nos jours ou emprunte à la figure d’Antigone, et fantastique quand des motifs de contes affleurent.
Le texte est élaboré à partir de formulations improvisées au cours des répétitions. C’est un travail de composition orale, propre aux conteurs, dans lequel le sens et le son des mots sont reliés. Il inclut à la fois le choix des mots et la manière de les dire. Il en résulte un style évocateur et musical, qui donne à imaginer, à sentir et à ressentir.
Karine Mazel-Noury et Pierre Deschamps
ELLE : François serait bientôt là, elle se ferait belle pour lui. 15 mois qu’elle avait perdu la chaleur de son corps. S’imaginer dans ses bras la faisait crépiter de désir. Elle se souvenait de leurs caresses, de leurs étreintes. Elle a choisi la robe bleue du jour de leur rencontre, un jour de fête et de bal, un jour d’ivresse et de joie. Elle avait tellement maigri qu’elle flottait dans cette robe aujourd’hui. Pour savourer son impatience, elle a fermé les paupières.
LUI : « Quinze mois de guerre pour six jours de perm’. Ce petit vieux dans le miroir, c’est moi ? Il faut que je me lave, qu’ j’me nettoie, que je me rase, que je me peigne. » Le ciel tout entier se charge de feu, se gorge de foudre. François court, sa course est un hoquet, haché, tranché par les explosions. C’est la terre qui lui en veut. Elle veut l’avaler, l’ensevelir. Elle le vise, le poursuit, le pousse, le jette. Elle veut le tuer, lui, François ! « François, je m’appelle François ». Surtout ne pas oublier son nom. La terre joue, s’amuse et rit de ce petit rat qui tente de s’échapper. Dans ce labyrinthe à qui demander son chemin, aux arbres décapités, aux cadavres démembrés ? Quel dieu prier ? « Jeanne, c’est la seule prière possible, Jeanne. »