
L'autre fille
Annie ErnauxPrésentation
SUCCÈS REPRISE ! du mardi au samedi à 21h30 + samedi 6 avril à 15h
Annie Ernaux adresse une lettre à sa soeur disparue deux ans avant sa naissance, morte à six ans, emportée par la diphtérie. Cette soeur dont elle découvre l’existence passée en entendant les bribes d’une conversation entre une cliente et sa mère dont les paroles “ Elle était plus gentille que celle-là ” se gravent à jamais dans sa mémoire. Elle, l’enfant vivant, dormira dans le lit de la sœur disparue, son cartable deviendra le sien, elle mettra ses pas dans les siens. Au fil de son existence, elle se construit contre elle, entre réel et imaginaire, au gré des objets, des photos, des paroles échappées.
Annie Ernaux interroge ici le pourquoi du silence et son propre désir d’adresser cette lettre à sa soeur disparue. Marianne Basler sera cette voix, précise et douloureuse, attentive et consolante.
Informations sur le lieu
La presse en parle
Une mise en scène sobre. C'est très très beau. / France Inter
Dirigée par Jean-Philippe Puymartin, Marianne Basler, sublime, reste en retrait du texte, aussi neutre que lui. L'émotion qu'il contient ne s'en éleve que mieux. / L'Obs
Eviter le pathos, fuir les atermoiements. Rester digne. C’est à cela que s’emploie magistralement Marianne Basler. / Télérama Sortir
Un talent d’une rare délicatesse. / A Nous Paris
Distribution
Coréalisation La Reine blanche / Les Déchargeurs & l'Espace des arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône
Spectacle soutenu par l’ADAMI et le dispositif “ADAMI Déclencheur“
Multimédia
Notes & extraits
LE MOT DE LA CO-METTEURE EN SCÈNE ET INTERPRÈTE
Toute famille se construit sur des absences, des disparitions, des silences, des secrets. Interroger ce que l’absence d’un être a provoqué sur la construction de toute une famille, est pour moi, passionnant. Après ma lecture publique de L’autre fille, il m’a semblé essentiel de prolonger l’aventure, de l’accompagner dans le temps, d’entreprendre un travail sur la lumière et les sons qui viendront soutenir le vertige des silences, de l’indicible et de l’absence.
L’autre fille est pour Annie Ernaux, l’un de ses textes les plus intimes. Ce récit fait pour moi écho à un autre récit enfoui lui aussi, de mon histoire familiale. Et il me semble que dans chacun de ses textes, Annie Ernaux dévoile un « événement » de notre vie personnelle et collective. J’éprouve une forme de reconnaissance envers l’auteure d’avoir pu mettre en mots si justes, si décapés, son histoire, pour nous permettre d’aller à la rencontre de la nôtre. C’est pour chacun de nous, un travail d’excavation, de retour à une mémoire ancienne, oubliée et retrouvée. Annie Ernaux dit qu’elle a écrit ce texte « parce qu’elle devait le faire et ignorait qu’elle devait le faire ». Mes raisons de porter L’autre fille, à la scène sont les mêmes : Je dois le faire.
Marianne Basler
EXTRAIT
Peut-être que j'ai voulu m'acquitter d'une dette imaginaire en te donnant à mon tour l'existence que ta mort m'a donnée.
Ou bien te faire revivre et remourir pour être quitte de toi, de ton ombre. T’échapper.
Lutter contre la longue vie des morts.
Evidemment, cette lettre ne t’est pas destinée et tu ne la liras pas. Ce sont les autres, des lecteurs, aussi invisibles que toi quand j’écris, qui la recevront. Pourtant, un fond de pensée magique en moi voudrait que, de façon inconcevable, analogique, elle te parvienne comme m’est parvenue jadis, un dimanche d’été, la nouvelle de ton existence par un récit dont je n’étais pas non plus la destinataire