Dans une affaire qui pourrait faire jurisprudence, Joseph Cascina vient de remporter une bataille juridique contre Enedis. Ce résident de la Loire a obtenu le retrait de son compteur Linky, invoquant des problèmes de santé liés à l’électrosensibilité. Cette décision judiciaire soulève des questions sur les impacts potentiels des technologies sans fil sur la santé humaine.
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ToggleLe combat d’un homme contre les ondes électromagnétiques
Joseph Cascina menait une vie normale jusqu’à l’installation d’un compteur Linky à son domicile. Dès le lendemain, il a commencé à souffrir d’acouphènes persistants, décrivant des « sifflements stridents » qui l’obsédaient jour et nuit. Ces symptômes disparaissaient mystérieusement lorsqu’il s’éloignait de chez lui ou visitait des proches n’ayant pas ce type de compteur.
Face à l’inaction d’Enedis suite à ses plaintes, M. Cascina a entamé une procédure judiciaire. Après trois ans et demi de combat, il a finalement obtenu gain de cause :
- Victoire en première instance à Saint-Étienne
- Confirmation en appel à Lyon
- Obligation pour Enedis de retirer le compteur Linky
Cette décision représente une première en France et pourrait ouvrir la voie à d’autres recours similaires.
L’électrosensibilité : un phénomène complexe et controversé
L’électrohypersensibilité se caractérise par une intolérance aux champs électromagnétiques émis par divers appareils électroniques. Le Professeur Luc Fontana du Centre régional de pathologie professionnelle et environnementale explique : « Les symptômes sont variés : maux de tête, fatigue chronique, réactions cutanées, troubles de la concentration… »
Toutefois, l’établissement d’un lien direct entre ces symptômes et l’exposition aux ondes reste un défi scientifique. Le tableau suivant résume les principaux aspects de cette condition :
Aspect | Description |
---|---|
Symptômes | Variés et non spécifiques |
Diagnostic | Complexe, nécessite l’élimination d’autres causes |
Impact | Potentiellement important sur la vie sociale et professionnelle |
Reconnaissance médicale | Controversée, manque de preuves scientifiques solides |
Vers une meilleure compréhension du phénomène
Face à l’augmentation des cas signalés d’électrosensibilité, la communauté scientifique intensifie ses efforts de recherche. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) mène actuellement une étude approfondie dans plusieurs villes françaises, dont Saint-Etienne, Lyon et Clermont-Ferrand.
Cette initiative vise à :
- Améliorer la compréhension épidémiologique de l’électrohypersensibilité
- Développer des protocoles de prise en charge adaptés
- Étudier les différentes manifestations liées aux divers types d’ondes
Les résultats de cette étude, attendus en 2025, pourraient apporter un éclairage nouveau sur ce phénomène complexe qui, selon les estimations de l’ANSES en 2018, toucherait environ 3,5 millions de personnes en France.
Un débat qui divise
La décision de justice en faveur de Joseph Cascina a suscité des réactions contrastées. D’un côté, le collectif Stop Linky 5G Loire y voit une avancée majeure et plaide pour une simplification des procédures administratives permettant le retrait des compteurs Linky sur présentation de certificats médicaux.
De l’autre, Enedis maintient sa position, s’appuyant sur une étude de l’ANSES qui conclut que les niveaux d’exposition aux champs électromagnétiques émis par les compteurs Linky sont comparables à ceux d’autres appareils électroménagers courants. L’entreprise souligne que la décision de la Cour d’appel de Lyon « fait figure d’exception et ne reflète en rien la jurisprudence relative à l’installation des compteurs Linky ».
Ce cas met en lumière la nécessité d’un dialogue continu entre les autorités sanitaires, les industriels et les citoyens concernés pour trouver un équilibre entre progrès technologique et principe de précaution en matière de santé publique.