Le monde de l’automobile traverse une période tumultueuse, marquée par des défis sans précédent. Un constructeur américain, autrefois prometteur, vient de subir un revers spectaculaire, laissant ses clients dans une situation inédite.
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ToggleLa chute d’un géant de l’électrique
Fisker, une marque ambitieuse fondée par le designer danois Henrik Fisker, vient de connaître une fin brutale. Après avoir tenté de s’imposer sur le marché des véhicules électriques, l’entreprise a été contrainte de déposer le bilan en juin 2024. Cette faillite retentissante a entraîné des conséquences dramatiques pour les 1 200 employés de la société, désormais au chômage.
Le rêve électrique de Fisker s’est heurté à une réalité économique implacable. Malgré des modèles innovants comme l’Ocean One, qui avait suscité l’intérêt de nombreux automobilistes avec plus de 55 000 précommandes, la marque n’a pas réussi à s’imposer face à des géants comme Tesla ou BYD. En France, seulement 165 véhicules Fisker ont trouvé preneur, un chiffre bien trop faible pour assurer la pérennité de l’entreprise.
Un séisme dans l’industrie automobile
La liquidation judiciaire de Fisker illustre les difficultés croissantes du secteur automobile. D’un côté, les consommateurs européens, confrontés à la hausse des prix du carburant et à la baisse du pouvoir d’achat, se montrent de plus en plus réticents à acheter des voitures neuves. De l’autre, la concurrence acharnée des constructeurs asiatiques met les marques occidentales sous pression.
Cette situation inédite a des répercussions directes sur les propriétaires de véhicules Fisker. Pour la première fois dans l’histoire de l’automobile moderne, des clients se retrouvent avec des voitures orphelines, privées du support technique et des mises à jour indispensables à leur bon fonctionnement. Face à ce défi, une association, la Fisker Owners Association France (FOAF), a vu le jour pour défendre les intérêts des propriétaires et tenter de trouver des solutions collectives.
Les conducteurs face à un dilemme sans précédent
La faillite de Fisker place ses clients dans une situation kafkaïenne. Ceux qui avaient opté pour le leasing se voient contraints de restituer leur véhicule « pour des raisons de sécurité », selon les directives d’Agilauto, filiale du Crédit Agricole en charge du financement de l’Ocean en France. Cette décision brutale soulève de nombreuses questions sur l’avenir de la mobilité électrique et la confiance des consommateurs envers les nouveaux acteurs du marché.
Pour Rafael Precioso, secrétaire de la FOAF, l’heure est à la solidarité : « C’est très important qu’on soit tous dans le même bateau, parce qu’on va sûrement souffrir des mêmes galères à l’avenir ». L’association s’efforce de fournir un support technique aux propriétaires et d’organiser un réseau d’entraide pour la fourniture de pièces détachées, devenues soudainement rares et précieuses.
Vers une nouvelle ère de l’automobile
La débâcle de Fisker intervient dans un contexte de mutation profonde de l’industrie automobile. En décembre 2023, on dénombrait 28 millions de véhicules 100% électriques dans le monde, dont 57% en Chine, 24% en Europe et 12,5% aux États-Unis. Tesla domine ce marché en pleine expansion avec près de 20% des immatriculations, talonné par le constructeur chinois BYD (16,5%).
Cette transformation rapide du paysage automobile soulève des questions cruciales sur l’avenir de la mobilité et la capacité des constructeurs traditionnels à s’adapter. L’échec de Fisker, malgré l’expérience et la renommée de son fondateur, montre la difficulté pour les nouveaux entrants de s’imposer face aux géants établis et aux acteurs émergents venus d’Asie.