Le monde de l’automobile électrique connaît une transformation inattendue en France. Des propriétaires de Tesla, autrefois fiers de leur acquisition écologique et innovante, se retrouvent aujourd’hui dans une position inconfortable. La raison ? Les frasques médiatiques et positions controversées d’Elon Musk, PDG emblématique de la marque.
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ToggleLa désillusion des propriétaires face aux controverses d’Elon Musk
« Avant, j’étais fier, maintenant je la cache ». Cette phrase, prononcée par Sébastien, un Montpelliérain de 50 ans, résume parfaitement le sentiment partagé par de nombreux propriétaires de Tesla en France. Sur Leboncoin, les annonces de vente pour ces véhicules électriques haut de gamme se multiplient pour des raisons qui dépassent la simple satisfaction produit.
Luc, gérant d’une PME dans l’industrie près d’Aix-en-Provence, a mis en vente son modèle Tesla acheté il y a moins d’un an. « Je ne veux pas être identifié à l’extrême-droite. Les saluts nazis, toute sa bande… tout ça, ça ne me va pas », confie-t-il. Un sentiment partagé par Anna, 35 ans, qui conduit occasionnellement la Tesla de son conjoint : « Quand on allait à un mariage, ça faisait bien de sortir la Tesla. Aujourd’hui, je ne crie plus sur tous les toits que j’en ai une. »
Le comportement d’Elon Musk depuis son rachat de Twitter (rebaptisé X) en 2022 cristallise les tensions. Son soutien à des partis d’extrême-droite, ses prises de position controversées et récemment son entrée au gouvernement américain ont transformé l’image du milliardaire visionnaire en celle d’un entrepreneur clivant. « Je suis très surpris de ses positions et des images chocs. Qu’il fasse de la politique alors que c’est un homme d’affaires à la base, ça me dérange. On ne devrait pas mélanger politique et business« , ajoute Sébastien.
Des ventes en chute libre et des alternatives créatives
Les chiffres sont éloquents : les ventes de Tesla ont diminué de 26% sur un an en France, avec seulement 2 395 véhicules immatriculés en février 2025. Au niveau européen, les ventes ont presque été divisées par deux en janvier. Si ces résultats s’expliquent en partie par un changement de gamme et l’attente du nouveau Model Y, l’impact de l’image d’Elon Musk ne peut être totalement écarté.
Certains propriétaires ont trouvé une solution plus modérée que la revente : afficher leur désaccord avec le patron tout en gardant leur véhicule. Sur les routes françaises, on peut désormais croiser des Tesla arborant des autocollants comme « J’ai acheté cette voiture avant qu’Elon ne devienne fou » ou « J’aime ma voiture, pas le CEO ». Ces stickers, popularisés par l’initiative « Anti Elon Tesla Club » créée par Matthew Hiller, ont déjà engendré plus de 5 000 ventes sur la plateforme Etsy.
Cette forme de protestation passive permet à certains de réconcilier leur appréciation de la technologie Tesla avec leur désapprobation des positions du milliardaire. « Hautement recommandé si vous êtes propriétaire d’une Tesla et que vous souhaitez afficher votre aversion pour la façon dont agit le PDG », peut-on lire dans les commentaires des acheteurs de ces autocollants.
Quand l’admiration technique survit aux controverses
Malgré leur décision de vendre, de nombreux propriétaires reconnaissent les qualités indéniables des véhicules Tesla. Luc avoue revendre sa voiture « à contrecœur » après avoir hésité « pendant 15 jours » avant de la mettre en vente. Pour lui, Tesla reste « au-dessus du lot », notamment grâce à son réseau de recharge inégalé. Il confie même : « Je suis sûr d’y retourner quand l’autre furieux se sera calmé ».
D’autres automobilistes parviennent à séparer complètement l’homme de ses produits. Un vendeur anonyme qui échange son modèle 2019 pour un 2023 résume sa position : « Ce sont des voitures formidables, même si le dirigeant est un con. Il ne faut pas tout mélanger dans la vie. »
Cette situation rappelle les défis rencontrés par d’autres constructeurs automobiles faisant face à des controverses techniques, comme certains moteurs Puretech dont Stellantis a dû étendre la garantie à 10 ans suite à des problèmes récurrents. Néanmoins, dans le cas Tesla, c’est l’image du fondateur et non la fiabilité mécanique qui pose problème.
Entre boycott et soutien militant
La situation crée également un phénomène de polarisation parmi les clients Tesla. Face aux vendeurs déçus par Musk, d’autres utilisateurs transforment leur achat en acte militant pro-Musk. Fred, 45 ans, habitant des Alpes-Maritimes, revend sa Tesla pour en acheter « une encore plus grosse », revendiquant ouvertement vouloir « foutre le seum à tous les wokistes ».
Plus inquiétant, des actions violentes commencent à cibler les concessions Tesla. À Toulouse, un groupe anarchiste a incendié une quinzaine de véhicules et près de Lyon, un mouvement anti-Musk appelle à des actions similaires. Ces événements renforcent la crainte de certains propriétaires, comme Sébastien qui redoute que sa voiture soit vandalisée par association avec les positions controversées du PDG.
Finalement, cette situation inédite pose une question plus large : jusqu’où les valeurs personnelles des consommateurs peuvent-elles influencer leurs choix d’achat face à des produits techniquement excellents mais associés à des personnalités controversées ?