En plein cœur de Paris, 27 mètres sous l’Hôtel de Toulouse dans le premier arrondissement, se cache un trésor national impressionnant. La France conserve 2.437 tonnes d’or dans un espace ultra-sécurisé surnommé « la Souterraine ». Ce lieu mystérieux, rarement accessible au public, représente notre propre version du célèbre Fort Knox américain.

Le trésor caché sous les pavés parisiens

La Souterraine abrite depuis 1927 près de 90% des réserves d’or françaises. Cet espace fortifié s’étend sur un hectare entier sous les pieds des Parisiens, composé d’une succession de salles des coffres aux mesures de sécurité draconiennes. Ce chef-d’œuvre architectural souterrain a même reçu le prix international de l’Architecture souterraine en 1940.

Les lingots stockés pèsent chacun 12,5 kg et respectent une pureté minimale de 99,5% selon les standards de la London Bullion Market Association. Selon la Banque de France, la capacité de stockage de la Souterraine est si importante qu’elle pourrait théoriquement accueillir les 180.000 tonnes d’or extraites depuis les débuts de l’humanité.

Le reste des réserves françaises est réparti entre les États-Unis et Londres, où se trouve le principal marché mondial du métal précieux. Au cours actuel, ce patrimoine national est valorisé à environ 216 milliards d’euros, illustrant l’ampleur de cette richesse enfouie.

Une place prestigieuse dans le classement mondial

Avec ses 2.437 tonnes, la France occupe la quatrième position mondiale des pays détenteurs d’or, derrière les États-Unis (8.133 tonnes), l’Allemagne (3.352 tonnes) et l’Italie (2.452 tonnes). Si l’on inclut les avoirs du Fonds monétaire international, elle se positionne au cinquième rang, juste devant la Russie qui possède 2.336 tonnes.

Cette position prestigieuse contraste avec l’approche d’autres nations occidentales qui ont choisi de réduire significativement leurs stocks. Le Royaume-Uni a vendu la moitié de son or entre 1999 et 2002, tandis que le Canada s’est complètement séparé de ses réserves qui atteignaient autrefois 1.000 tonnes.

La France elle-même a connu une période de désengagement sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Économie. Entre 2004 et 2009, près de 590 tonnes – soit environ 20% des réserves nationales – ont été vendues dans l’espoir de générer des revenus et réduire les déficits publics.

Quelle utilité pour ce magot doré en 2025?

Depuis la fin des accords de Bretton Woods en 1971, l’or n’a plus de rôle monétaire officiel. Les devises ne sont plus adossées à des réserves d’or, ce qui soulève naturellement la question : à quoi servent ces immenses stocks conservés si précieusement?

Pour les économies émergentes comme la Chine, l’Inde ou la Turquie, l’accumulation d’or répond à une stratégie d’indépendance financière. La Chine a augmenté ses réserves de 116% depuis 2009, atteignant désormais 2.280 tonnes. Ces pays voient dans l’or un moyen de s’affranchir de la domination du dollar et de l’euro dans les échanges internationaux.

Pour la France et les autres puissances économiques établies, les réserves d’or représentent davantage un héritage historique et un symbole de solidité financière. L’expérience française de vente partielle s’est révélée désastreuse selon la Cour des comptes : les 590 tonnes cédées pour 4,67 milliards d’euros vaudraient aujourd’hui plus de 50 milliards.

Les experts financiers considèrent désormais qu’une vente de l’or français constituerait une erreur stratégique majeure. Dans un contexte international instable, se défaire d’un actif universellement reconnu comme valeur refuge enverrait un signal de vulnérabilité aux marchés mondiaux. Malgré sa valeur considérable, le stock d’or français ne représente d’ailleurs que 6,5% de la dette publique nationale, limitant son utilité pour résoudre les problèmes budgétaires structurels.