Une inquiétante perspective fiscale se profile pour des millions de retraités français. Le gouvernement envisage sérieusement de supprimer l’abattement fiscal de 10% dont bénéficient actuellement les pensionnés. Cette mesure, si elle venait à être appliquée, toucherait directement 8,4 millions de retraités qui verraient leur imposition augmenter significativement dès 2026.
Sommaire
ToggleL’abattement fiscal des retraités menacé par les contraintes budgétaires
Depuis 1977, les retraités français profitent d’un avantage fiscal non négligeable : un abattement automatique de 10% sur leurs pensions avant calcul de l’impôt sur le revenu. Cet allègement, plafonné à 4 399 euros par foyer en 2025, représente une économie substantielle pour les seniors concernés.
Mais face à un déficit public qui ne cesse de se creuser, le gouvernement cherche activement des sources d’économies. Dans ce contexte tendu, l’abattement fiscal des retraités, qui coûte annuellement 4,5 milliards d’euros aux finances publiques selon la Cour des comptes, apparaît comme une cible de choix.
Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a récemment laissé entendre dans un entretien au Parisien que cette suppression était envisagée. « Ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution, mais aussi les moyens dont vous disposez », a-t-elle déclaré, suggérant une remise en question de cet avantage fiscal historique.
Cette annonce n’est pas vraiment une surprise. Début 2025, le président du Conseil d’orientation des retraites ainsi que celui du Medef avaient déjà évoqué la possibilité d’une telle mesure dans le cadre des économies budgétaires à venir.
Impact considérable sur les finances des seniors
Les conséquences d’une telle décision seraient loin d’être anodines pour les retraités français. Les impôts sur le revenu vont exploser à cause de cette décision, touchant particulièrement les 8,4 millions de retraités actuellement imposables qui verraient leur contribution augmenter mécaniquement.
Plus préoccupant encore, cette mesure pourrait faire basculer environ 500 000 retraités actuellement non imposables dans la catégorie des contribuables. Effectivement, la suppression de l’abattement augmenterait automatiquement leur revenu fiscal de référence, les faisant ainsi passer au-dessus du seuil d’imposition.
L’impact ne se limiterait pas à la seule hausse d’impôt. Cette modification du revenu fiscal de référence pourrait également entraîner la perte d’autres avantages sociaux essentiels pour de nombreux seniors : taux réduit de CSG, accès à certaines aides sociales ou exonérations diverses conditionnées par ce même critère.
Certains observateurs s’interrogent néanmoins sur l’équité d’une telle mesure appliquée uniformément. La question se pose en conséquence de savoir si tous les retraités seraient concernés ou si le gouvernement privilégierait une approche ciblée, visant prioritairement les pensions les plus élevées.
Une réforme contestée dans un contexte de déficit record
Cette potentielle suppression s’inscrit dans un effort plus large de réduction des dépenses publiques. Le gouvernement cherche actuellement à économiser près de 40 milliards d’euros pour tenter de combler un déficit qui atteint des sommets historiques.
Les pensions de retraite, qui représentent environ 350 milliards d’euros annuels de dépenses publiques, constituent naturellement un poste budgétaire scruté avec attention. Cette nouvelle mesure viendrait s’ajouter à d’autres propositions qui avaient été mises sur la table avant la motion de censure de décembre 2024, mais qui n’avaient finalement pas abouti.
À ce stade, aucune décision définitive n’a été prise concernant cette suppression. Le gouvernement pourrait opter pour une application générale ou limiter la mesure aux retraités disposant des revenus les plus confortables. Quoi qu’il en soit, cette perspective suscite déjà de vives inquiétudes chez les millions de retraités potentiellement concernés.
Il faudra attendre les discussions budgétaires des prochains mois pour connaître précisément les contours de cette réforme qui pourrait significativement alourdir la contribution fiscale des seniors français dès l’année prochaine.